Alzheimer : quelle alimentation pour les personnes âgées ?

Quels aliments privilégier pour prévenir la perte de poids chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ? Comment les accompagner lors des repas ? Nous abordons ces questions avec le Pr Agathe Raynaud-Simon, gériatre et nutritionniste à l’hôpital Bichat à Paris.

Impact de la maladie d’Alzheimer sur l’alimentation

Selon la Fondation Recherche Alzheimer, environ 1,3 million de Français souffrent de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer. Chaque année, on estime qu’il y a 225 000 nouveaux cas diagnostiqués. Cependant, la maladie d’Alzheimer peut entraîner des troubles alimentaires tels qu’une perte d’appétit, des difficultés à utiliser des couverts et des troubles de la déglutition. Ces problèmes peuvent même conduire à la dénutrition.

Les raisons d’une diminution de l’appétit chez les personnes atteintes d’Alzheimer

La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées peuvent affecter l’appétit des personnes âgées. Le Pr Agathe Raynaud-Simon explique que, dès la phase précoce de la maladie, une perte de poids inexpliquée peut survenir. Bien que l’appétit soit régulé par le cerveau et que la maladie d’Alzheimer affecte cet organe, les mécanismes précis ne sont pas encore bien compris. La perte de poids est d’ailleurs l’un des symptômes historiquement décrits par Aloïs Alzheimer, le psychiatre et neurologue allemand qui a identifié la maladie en 1906.

En vieillissant et en développant la maladie d’Alzheimer ou des pathologies apparentées, l’appétit des personnes diminue. Ils ont moins faim et leur sens du goût se détériore, ce qui explique pourquoi ils ont parfois tendance à manger des aliments sucrés. De plus, la faiblesse musculaire ou les difficultés à utiliser les couverts perturbent leur façon de prendre les repas. Enfin, la solitude ou la dépression peuvent également avoir un impact direct sur l’appétit.

L’impact des troubles cognitifs sur l’alimentation

À mesure que la maladie progresse, les patients commencent à rencontrer des troubles cognitifs qui les gênent dans leur vie quotidienne. Ils peuvent avoir des troubles du comportement alimentaire, comme manger la même chose tous les jours. Dans les stades avancés de la maladie, ils ont également des difficultés à utiliser des couverts et peuvent avoir des problèmes de mastication et de déglutition, ce qui augmente le risque de fausse route. Dans certains cas, ce sont les aidants ou les soignants en institution qui doivent aider les patients à manger.

Conseils pour aider une personne atteinte d’Alzheimer à manger

Dans les cas où une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer ne peut plus se nourrir seule, il est important de lui apporter de l’aide. Il est recommandé d’encourager le plus longtemps possible l’alimentation autonome en utilisant des couverts ergonomiques ou en favorisant le « manger main ». Certains établissements proposent également une alimentation adaptée à la prise avec les doigts, ce qui redonne de l’autonomie aux personnes dépendantes et augmente le plaisir de manger. Il est également essentiel de s’asseoir au niveau de la personne qui mange, d’éliminer les distractions du repas et de respecter les consignes données par l’orthophoniste. Il ne faut pas brusquer le patient et lui donner le temps de mâcher et d’avaler lentement les aliments.

Quels aliments privilégier et éviter pour éviter la perte de poids chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ?

Certains patients atteints de la maladie d’Alzheimer ne s’alimentent pas suffisamment, oublient de prendre leurs repas et souffrent de dénutrition. Pour nourrir efficacement un patient qui n’a pas d’appétit, il est recommandé de proposer des plats riches en protéines et en énergie. Il est possible d’enrichir les préparations avec de la poudre de lait, du fromage, des œufs ou du jambon mixé. Les matières grasses comme le beurre, la crème ou l’huile d’olive ne doivent pas être négligées pour augmenter l’apport énergétique. Il est également important d’organiser des collations régulières tout au long de la journée pour les patients qui ne peuvent pas manger de gros volumes.

Pour éviter le risque de fausse route, il est conseillé d’éviter les aliments à la texture fragmentée, granuleuse ou filandreuse, comme la semoule, les biscottes et les asperges. Les aliments à double texture, comme les oranges, sont également déconseillés car ils peuvent être difficiles à mâcher et à avaler. Pendant les repas assurés par des aidants, il est essentiel de faire un bilan orthophonique pour connaître les aliments et les textures les plus adaptés. Il faut laisser le patient s’alimenter le plus longtemps possible de manière autonome et à son propre rythme.

Pour ce qui est des boissons, il est recommandé de privilégier l’eau gazeuse plutôt que l’eau plate pour réduire le risque de fausse route chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer évoluée. L’eau gazeuse stimule davantage le réflexe de déglutition en raison de la sensation de picotement qu’elle provoque dans la bouche et la gorge. Au fur et à mesure de l’évolution de la maladie, il est également possible de proposer des liquides épaissis comme l’eau gélifiée.