Blessures courantes au rugby : quelles sont-elles ?
Le rugby est très populaire en France et se classe comme le 5e sport pratiqué avec plus de 300 000 licenciés chaque année. Malgré les nombreux contacts et les blessures fréquentes, il ne fait pas partie des sports les plus risqués. Le Dr Jean-Christophe Miniot, médecin du sport à la Clinique Drouot et ancien médecin d’une équipe de rugby professionnelle, nous présente les blessures les plus courantes chez les joueurs de rugby.
Épidémiologie des blessures de rugby
Le rugby est un sport pivot contact, comparable au foot, au basket, au handball et aux sports de combat. Selon le Dr Miniot, c’est un sport de ballon assimilable à un sport de combat collectif, caractérisé principalement par des collisions. Les blessures au rugby à XV sont principalement causées par les impacts. Au niveau professionnel, les collisions entre les joueurs peuvent atteindre des forces de 20 G, ce qui équivaut à la collision d’une voiture accidentée roulant à 65 km/h.
Fréquence et gravité des blessures
Différentes études épidémiologiques montrent que la fréquence et la gravité des blessures varient considérablement en fonction du niveau de jeu, du poste occupé et du sexe du joueur. Le risque de blessure est 40 fois plus élevé chez les joueurs professionnels que chez les enfants en école de rugby, et les joueurs de mêlées sont plus exposés aux risques de blessures que les trois-quarts. Les blessures traumatiques sont moins fréquentes dans la pratique féminine du rugby, probablement en raison de la prédominance des courses dans les intervalles et du jeu d’évitement plutôt que des confrontations directes. La gravité d’une blessure est évaluée en partie par la durée de l’indisponibilité du joueur, qui peut atteindre jusqu’à 5 mois pour une luxation de l’épaule opérée. En moyenne, il y a 200 semaines d’arrêt par an en rugby professionnel masculin, ce qui équivaut à une moyenne de 5 semaines d’arrêt par joueur.
Les blessures les plus courantes
Dans le rugby professionnel, l’incidence des blessures varie de 30 à 120 pour 1000 heures de match selon les études épidémiologiques. Les membres inférieurs sont le site le plus fréquemment touché pendant un match (30 à 55% des blessures), suivis de la tête et du rachis cervical (14 à 30%), puis des membres supérieurs (15 à 20%) et enfin du tronc (10 à 14%). Les contacts (plaquages) et les mêlées sont à l’origine de 90% des blessures. Le genou est particulièrement exposé au rugby et est souvent touché par des blessures telles que les lésions méniscales, les lésions ligamentaires et les fractures. La luxation du ligament croisé antérieur est fréquente et nécessite généralement une chirurgie, avec une indisponibilité moyenne de 9 mois mais pouvant aller jusqu’à 2 ans. Les blessures des cervicales sont principalement causées par les mêlées et les plaquages, mais heureusement les entorses graves avec atteinte médullaire sont rares. Les blessures aux épaules représentent 9 à 11% des blessures chez les joueurs de rugby et 65% des blessures du membre supérieur. Les blessures de la tête et de la face sont également courantes en raison du manque de protection. Les chevilles sont souvent touchées lors des changements de direction rapides, des accélérations ou des plaquages. Les blessures les plus courantes sont les fractures de la malléole, les entorses et les lésions de la syndesmose tibio-fibulaire. Les commotions cérébrales sont fréquentes dans le rugby professionnel et peuvent entraîner des séquelles graves. Un protocole strict a été mis en place pour prévenir les récidives et les séquelles.
Prévention des blessures
La prévention efficace des blessures au rugby passe par une évaluation préalable des contre-indications à la pratique de ce sport, un échauffement rigoureux avant chaque séance, un entretien régulier de la masse musculaire, le port de protections pour la tête et les épaules, ainsi que le respect des règles pour éviter les accidents. Certains protocoles d’exercices sont censés diminuer l’incidence des blessures, mais ils n’ont pas été efficaces pour réduire les blessures du ligament croisé, les entorses de la cheville et les lésions musculaires.