Aménagement du temps de travail pour aidants familiaux et proches aidants
Il n’est pas toujours facile de concilier sa vie professionnelle avec celle d’aidant lorsque l’on doit gérer en même temps les soins à domicile ou les rendez-vous médicaux pour son proche. Comment trouver des solutions à ce problème ? Comment organiser son temps de travail ? On fait le point avec Laure Soulier-Vezine, chargée de mission « aide aux aidants » à l’ADAPEI de Corrèze.
Les salariés aidants : une part significative de la population active
Selon une étude réalisée par Interfacia, les salariés aidants représentent actuellement 20% de la population active, ce qui équivaut à un actif sur cinq. Parmi ces aidants, 50,1% apportent leur aide à leur enfant ou à leur conjoint, et 70,9% sont préoccupés par l’impact de cette situation sur leur travail.
Aménager son temps de travail en tant qu’aidant : qu’en dit le Code du travail ?
Environ un aidant sur cinq accompagne un proche malade, en situation de handicap ou dépendant pendant au moins 20 heures par semaine. Cela implique de jongler entre ses responsabilités personnelles et professionnelles, ce qui est souvent compliqué. Bien que les aidants aient accès à différents dispositifs d’aide tels que le congé de proche aidant ou le temps partiel, ceux-ci ne sont parfois pas adaptés ou suffisants. De nombreux aidants choisissent de ne pas recourir à ces aides par méconnaissance de leurs droits ou par peur d’être stigmatisés par leur employeur, comme le souligne Laure Soulier-Vezine, chargée de mission aide aux aidants à l’ADAPEI de Corrèze.
Obtenir le statut de proche aidant
Actuellement, il n’existe pas de statut juridique spécifique pour les proches aidants. Cependant, l’article L. 113-1-3 du Code de l’action sociale et des familles reconnaît certaines personnes comme aidants familiaux, notamment le conjoint, le partenaire de PACS ou le concubin d’une personne âgée, ainsi que les parents, les alliés et les personnes résidant avec elle, qui lui viennent en aide de manière régulière et fréquente pour les actes de la vie quotidienne.
Travailler à temps partiel en tant qu’aidant
La flexibilité du temps de travail est l’une des principales demandes des salariés aidants. Pouvoir arriver en retard ou rattraper plus tard en cas de contraintes liées à la situation d’aidance peut considérablement soulager ces aidants, comme l’explique Laure Soulier-Vezine. Selon l’article L.3121-49 du Code du travail, les salariés ont le droit de demander un aménagement de leurs horaires afin de faciliter leur accès à l’emploi, leur exercice professionnel ou le maintien dans leur emploi. Les aidants familiaux et les proches d’une personne handicapée bénéficient également de ce droit pour faciliter leur accompagnement.
Bénéficier du congé de proche aidant
Le congé de proche aidant permet aux salariés de suspendre temporairement leur activité professionnelle afin de prendre soin d’un proche en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Ce congé est applicable dès l’embauche et peut être indemnisé immédiatement sans condition d’ancienneté. Cependant, il est soumis à certaines conditions, telles que le taux d’incapacité de la personne aidée, qui doit être égal ou supérieur à 80%, ou une perte d’autonomie déterminée par le conseil départemental. Sa durée est de trois mois, renouvelable dans la limite d’un an sur l’ensemble de la carrière professionnelle. Il peut également être fractionné par journée ou demi-journée avec l’accord de l’employeur.
Le télétravail pour les proches aidants
La loi du 19 juillet 2023 a renforcé l’accès au télétravail pour les salariés aidants, notamment pour ceux qui ont des enfants atteints d’une maladie ou d’un handicap. Le télétravail peut être bénéfique pour éviter les contraintes de déplacement, mais il ne constitue pas une solution pour tous les aidants. Certains préfèrent aller au travail pour maintenir une vie sociale et ne pas s’isoler de leur rôle d’aidant.
Le congé de présence parentale pour les parents d’enfants handicapés
Le congé de présence parentale est destiné aux parents ayant un enfant nécessitant une présence soutenue et des soins contraignants en raison d’une maladie ou d’un handicap. Il peut être pris de manière fractionnée par journée ou demi-journée sur une période maximale de trois ans. Ce congé est indemnisé par l’allocation journalière de présence parentale.
L’aidance comme atout pour l’employeur
Les aidants ont souvent peur d’évoquer leur situation auprès de leur employeur par crainte d’être stigmatisés. Cependant, si les entreprises prennent en compte les préoccupations des aidants, ces derniers peuvent devenir de véritables ressources en termes de croissance économique et de culture managériale durable, comme le souligne l’ouvrage « Les proches aidants ». Jongler entre le travail, les responsabilités familiales et l’accompagnement d’un proche peut également développer certaines compétences transversales chez les aidants, comme l’agilité organisationnelle, la prise de décision et l’intelligence émotionnelle et relationnelle. Cela permet de changer de regard sur les aidants et de reconnaître leur valeur ajoutée pour les employeurs.