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Créer un calendrier de la migraine

Jessica
Par Jessica
25 mars 2024 12

Il est nécessaire de consigner certaines informations et certains éléments dans un calendrier de la migraine à chaque épisode afin de mesurer l’effet de la migraine, de se préparer pour la consultation médicale et de mieux traiter la maladie. Le Dr Jérôme Mawet, neurologue spécialisé dans la migraine, nous éclaire sur ce point.

La gestion des migraines passe par l’identification des facteurs déclencheurs


La gestion des migraines nécessite d’identifier les facteurs déclencheurs. Pour ce faire, il est recommandé de tenir un « calendrier de la migraine » afin d’adopter des habitudes de vie adaptées et de choisir le bon traitement.

Pour repérer les facteurs déclencheurs, il est important de prendre note des circonstances précédant les crises. Cette démarche permet de mieux comprendre ce qui déclenche les migraines. Cependant, il est conseillé de ne pas devenir obsédé par cette démarche, car cela peut ajouter du stress, ce qui favorise l’apparition des crises. Le Dr Jérôme Mawet, neurologue spécialiste de la migraine, met en garde contre cette tendance.

Si les crises sont liées à une nuit trop courte ou à une grasse matinée, il est recommandé de maintenir des horaires de lever et de coucher réguliers. Si elles surviennent après avoir bu du vin blanc, connu pour déclencher des migraines, il est conseillé de trouver des alternatives pour l’apéritif. En cas de migraines liées au stress, il est recommandé d’essayer des méthodes de relaxation telles que la méditation en pleine conscience, à condition de la pratiquer régulièrement (30 minutes par jour).

Évaluer la douleur pour trouver les bons médicaments


En fonction de l’intensité et de la durée des migraines indiquées dans le calendrier, le médecin peut prescrire le traitement de crise approprié.

Si la douleur est légère, il est généralement recommandé de prendre un anti-inflammatoire non stéroïdien (ibuprofène, diclofénac, kétoprofène, naproxène…) ou de l’aspirine dès les premiers signes de la crise. Le paracétamol est moins efficace. Si la douleur ne diminue pas au bout d’une à deux heures malgré les anti-inflammatoires non stéroïdiens, ou si les crises sont modérées à sévères dès le début, il est souvent prescrit un triptan, un traitement spécifique contre la migraine sous forme de comprimé ou de spray nasal. Le Dr Mawet explique qu’il existe plusieurs triptans et qu’en cas de manque d’amélioration ou de mauvaise tolérance après trois crises, il est recommandé d’essayer une autre molécule de la même famille. Un nouveau médicament pour soulager les crises, appelé Vydura ou rimégépant, est disponible depuis fin 2023, mais son coût élevé (plus de 25 à 30 € par comprimé) et son absence de remboursement limitent son utilisation. Le Dr Mawet précise qu’il n’en parle aux patients qu’en cas d’échec avec plusieurs triptans ou en cas de contre-indication.

Si des troubles visuels, des troubles de la parole, des engourdissements, etc., précèdent la crise, il est recommandé de prendre un anti-inflammatoire non stéroïdien dès l’apparition de ces premiers symptômes, puis de passer au triptan lorsque le mal de tête se manifeste.

Savoir s’il faut un traitement de fond et lequel


Si le calendrier indique que vous avez dû prendre un médicament plus de 8 jours par mois pendant au moins 3 mois, ou si vous souffrez de crises épisodiques mais sévères et/ou durant plusieurs heures, le médecin propose souvent un traitement de fond pour prévenir les crises et en réduire l’intensité. Selon vos contre-indications, cela peut être des bêtabloquants, des antidépresseurs ou des antiépileptiques à prendre quotidiennement.

C’est également grâce au calendrier que l’on peut déterminer si le traitement de fond est efficace. On considère qu’il fonctionne si le nombre de crises diminue de plus de la moitié après 3 mois de traitement, d’après le Dr Mawet.

Si tel n’est pas le cas, un traitement plus récent appelé les anti-CGRP est efficace dans près de 80 % des cas, avec très peu d’effets secondaires. Il s’administre une fois par mois par injection sous-cutanée, mais il n’est pas encore remboursé (245 à 270 € par mois). Dans ce cas, il est conseillé de faire une demande exceptionnelle à sa mutuelle pour couvrir les dépenses. Seuls les anti-CGRP administrés à l’hôpital sont pris en charge.

En cas de migraine chronique (plus de 15 jours de crise par mois) qui ne répond pas à au moins deux traitements de fond traditionnels, le médecin peut proposer des injections de toxine botulique A (Botox). Ces injections sont effectuées dans les muscles du visage, du crâne et du cou selon un protocole précis de 31 injections, à renouveler si nécessaire. Si les crises surviennent souvent juste avant ou pendant les règles, un traitement hormonal (œstrogènes par voie cutanée 2 ou 3 jours avant les règles) ou la prise d’une contraception hormonale en continu peut aider à les faire disparaître.

Comment tenir un calendrier de la migraine ?


Il est possible d’utiliser un carnet, un agenda ou une application pour tenir un calendrier de la migraine. Une page est remplie pour chaque mois. Il est également possible d’imprimer un modèle simple depuis le site de la Société française d’études des migraines et céphalées (sfemc.fr) ou de télécharger une application comme Apo ou MigraineManager (gratuites sur IOS et Android).

Dans ce calendrier, il est important de noter la date et l’heure de chaque crise, sa durée, l’intensité de la douleur, les médicaments utilisés, le nombre de prises et leur effet. Au cours des premiers mois, il est également important de noter les symptômes associés (troubles visuels, de la parole, engourdissements, nausées, vomissements, intolérance au bruit ou à la lumière) et les facteurs déclenchants (règles, stress, émotion forte, sport, bruit, chaleur, consommation de vin…). Il est recommandé de tenir ce calendrier pendant 3 à 6 mois.

Une fois que l’on a trouvé un traitement efficace, la plupart des patients arrêtent naturellement de tenir le calendrier car il n’est plus nécessaire, selon le Dr Mawet.

Il est également important de savoir que l’agenda peut servir à repérer un abus de médicaments, ce qui peut aggraver la maladie. Un abus fréquent se produit avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens (si pris plus de 15 jours par mois) ou les triptans (plus de 10 jours par mois). Dans ce cas, il est recommandé de consulter un spécialiste pour réduire leur consommation.

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