L’immunité humorale : un guide complet
Le Dr Sylvain Choquet, chef de service hématologie clinique de l’hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, nous explique le fonctionnement de l’immunité humorale, qui fait partie de l’immunité acquise. Cette dernière est activée par notre organisme pour combattre les bactéries et autres pathogènes. Le Dr Choquet détaille les étapes de l’immunité humorale et souligne la différence avec l’immunité cellulaire.
Rappel définition : qu’est-ce que le système immunitaire ?
Le système immunitaire est le mécanisme de défense de notre organisme contre les cellules étrangères potentiellement dangereuses, comme les bactéries, les virus, les parasites mais aussi les cellules tumorales. Ce système très complexe a la capacité de distinguer le soi du non-soi grâce à différents types de cellules, notamment les lymphocytes et les macrophages. Il peut également reconnaître et détruire les cellules anormales qui proviennent de nos propres tissus.
Innée (naturelle) et acquise (adaptative ou spécifique) : quels sont les deux types d’immunité ?
Il existe deux grands types d’immunité :
l’immunité innée ou naturelle que tout le monde a dès la naissance, et l’immunité acquise (ou immunité adaptative) que l’on acquiert au fur et à mesure des contacts avec les agents pathogènes. Cette immunité acquise entraîne ensuite deux types de réponse immunitaire : l’immunité humorale et l’immunité cellulaire.
« Aussi appelée immunité naturelle, l’immunité innée est notre première ligne de défense contre les agents pathogènes », explique le Dr Choquet. Elle est présente dès la naissance et ne nécessite pas de contact préalable avec les cellules étrangères pour être activée. Son action est rapide mais non spécifique : elle s’attaque à tout agent étranger sans distinction.
L’immunité acquise, quant à elle, se développe suite à l’exposition à un agent pathogène spécifique. Elle offre une réponse plus lente mais hautement spécifique, capable de cibler précisément l’agresseur. Cette immunité se divise en deux types : l’immunité humorale et l’immunité cellulaire.
Immunité acquise : qu’est-ce que l’immunité humorale ? quelles différences avec l’immunité cellulaire ?
L’immunité humorale et l’immunité cellulaire sont deux facettes complémentaires de l’immunité acquise. Elles représentent notre second niveau de défense face à une infection.
L’immunité humorale est caractérisée par la production d’anticorps par les lymphocytes B. Ces protéines spécifiques qui circulent dans le sang, ciblent principalement les pathogènes extracellulaires tels que les bactéries. Dr Sylvain Choquet, hématologue
La réponse humorale comprend plusieurs étapes clés comme la reconnaissance de l’antigène, la sélection clonale, la prolifération clonale et la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes producteurs d’anticorps.
De son côté, l’immunité cellulaire, assurée par les lymphocytes T, détruit directement les cellules infectées par les agents pathogènes par tels que les virus et les parasites.
Ces deux types de réponse immunitaire sont interdépendants et travaillent en synergie pour protéger notre organisme.
Focus sur l’immunité humorale
C’est quoi la « voie humorale » ?
La voie humorale fait référence au processus d’immunité qui consiste en la production d’anticorps spécifiques par les lymphocytes B pour lutter contre les agents infectieux extracellulaires. Aussi appelé immunité à médiation humorale, ce système s’opère principalement par voie sanguine. Une fois activés, les lymphocytes B se transforment en plasmocytes, capables de fabriquer des anticorps. Ces anticorps sont fabriqués tout au long de notre vie et apparaissent dans notre sang après un premier contact avec l’antigène. Leur action se fait à distance de leur lieu de production, ciblant spécifiquement l’agent infectieux à neutraliser.
Les étapes de l’immunité humorale
L’immunité humorale est une partie de la réponse immunitaire. Elle se déroule en plusieurs étapes clés pour neutraliser efficacement les pathogènes.
Tout commence par la reconnaissance de l’antigène. Les cellules B, qui possèdent à leur surface des anticorps, sont capables de reconnaître un agent pathogène grâce aux antigènes spécifiques présents sur celui-ci.
Une fois l’antigène identifié, on assiste à la sélection clonale : « Lla cellule B qui a reconnu l’antigène se lie à celui-ci, et est activée »; détaille le spécialiste.
S’ensuit la prolifération clonale, c’est-à-dire la multiplication de la cellule B activée, qui donne naissance à une population de cellules identiques (clones), toutes capables de reconnaître le même antigène spécifique.
Enfin, la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes entraîne la production d’anticorps spécifiques prêts à neutraliser l’antigène spécifique. Dans le même temps, certaines de ces cellules deviennent des cellules mémoire, qui permettront une réaction plus rapide et plus efficace en cas de nouvelle rencontre avec le même antigène.
Dernière étape, les macrophages et lymphocytes T reconnaissent et tuent la cellule sur laquelle est fixée l’anticorps : c’est la neutralisation des antigènes. Dr Choquet
Cellules de l’immunité : Le rôle des lymphocytes B dans la réponse humorale
Les lymphocytes B sont les principaux acteurs de l’immunité humorale. Ils sont produits et maturent dans la moelle osseuse à partir de précurseurs lymphoïdes.
Ces cellules possèdent à leur surface des récepteurs, appelés BCR (B Cell Receptor), qui leur permettent de reconnaître un agent pathogène spécifique. « Chaque lymphocyte B porte plusieurs BCRs, mais pour un seul agent pathogène », précise le Dr Choquet.
Une fois activés, les lymphocytes B se différencient en plasmocytes, qui sont les cellules productrices d’anticorps. Ces anticorps, appelés aussi immunoglobulines (Ig), sont des protéines qui circulent dans le sang et la lymphe pour reconnaître et neutraliser les agents infectieux ou les toxines.